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1898 La fondation
1906-1909 L'engagement social
1936 Le rôle antifasciste (1933-1939)
1940-1948 Des "années noires" à la Déclaration universelle des droits de l'Homme
Après 1945 La relance : un engagement associatif entre morale et politique
1980-2000 Le centenaire, une dynamique militante de solidarité
La citoyenneté sociale
Toujours des combats pour les droits et libertés
Combats pour les droits des femmes
Combats pour la démocratie

Rassemblement du 4 septembre

 
La xénophobie et la politique du pilori ça commence à bien faire :
liberté, égalité, fraternité


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Nous sommes aujourd’hui rassemblés, comme dans près de 100 lieux en France en plus de Paris, à l’appel de nombreuses organisations (25 dans  l’Indre). Je vais d’ailleurs demandé à  leur responsable de monter ici et je vais vous en redonner la liste :

Association république des anciens combattants (ARAC), ATTAC, Collectif Egalité, Liberté, Fraternité etc (ELFe), Confédération française démocratique du travail (CFDT), Confédération générale du travail (CGT et CGT Education), Emmaüs 36, Europe Ecologie, Fédération syndicale unitaire (FSU), Femmes Solidaires, Ligue des droits de l’Homme (LDH36), Ligue de l’enseignement, Mouvement des Jeunes socialistes (MJS), Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), Parti communiste français (PCF), Parti radical de Gauche (PRG36),Parti socialiste (PS), Relais étrangers de l’Indre, Réseau Education Sans Frontière (RESF), SUD Education, SUD Santé Sociaux, Syndicat des avocats de France (SAF), Union nationale des syndicats autonomes (UNSA et UNSA Education), les Verts


 
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Il faut aussi souligner l’organisation, ce même jour, par le Réseau européen contre le racisme qui regroupe environ 600 ONG,  d’une manifestation devant les ambassades françaises en particulier à Bruxelles afin de protester contre les politiques xénophobes mises en avant cet été par le gouvernement français et montrer leur solidarité avec les organisations antiracistes françaises, qui organisent cette grande manifestation en France.

Aujourd’hui, 4 septembre, est le 140ème anniversaire de la proclamation de la IIIème République. Le 4 septembre 1870, à l'annonce de la capture de Napoléon III par les Prussiens à Sedan, une foule de Parisiens envahie le Palais-Bourbon, siège du Corps Législatif, qui se résout à déclarer l'empereur déchu et à proclamer la République, la troisième du nom. Cette IIIe République est née d’un un coup de force républicain, dans la détresse et la confusion... Elle mourra de la même façon soixante-dix ans plus tard, en 1940.

            De nombreuses rues en France portent le nom du « Quatre Septembre ». Pourtant, peu d'entre nous connaissent la signification de cette date, qui est pourtant la naissance d'une République qui aura tant accomplie, des conquêtes laïques des Ferry et Briand aux conquêtes sociales du Front Populaire, en passant par l'affirmation des libertés individuelles. Nostalgie ?

    Aujourd’hui nous sommes ici pour dire en effet notre attachement à ces valeurs républicaines auxquelles nous croyons.

Il est bon de rappeler en préambule l’article 1er  de la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789 « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune », que vous voyez derrière nous.
Ainsi que  2 articles de la Constitution 
Article 1 : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée.
La loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et sociales »
.
Et l’Article 5 : « Le Président de la République veille au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l’État.
Il est le garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire et du respect des traités »


Qu’en est-il aujourd’hui de la politique menée par le Président de la République ?

Son discours xénophobe  à Grenoble est une honte pour notre République. Montrer du doigt des communautés et des groupes sociaux entiers, prononcer des propos discriminatoires contre les gens du voyage et les citoyens européens que sont les Roms, stigmatiser les étrangers, les Français qui ne sont pas « de souche », les parents d’enfants délinquants, etc. ne lutte en rien contre la délinquance, qui est répréhensible pour tout individu sans distinction de nationalité ou d’origine mais met délibérément en cause les principes qui fondent l’égalité républicaine, alors que déjà une crise sociale et économique d’une extrême gravité menace la cohésion de la société tout entière.
Il a repris le discours de l’extrême droite insécurité = immigration.  Sur ce terrain là,  le Président de la République et son gouvernement ont manifestement décidé d’agiter les vieux refrains des années 30 destinés à attiser la haine contre les étrangers  en les désignant comme ceux qui viennent « manger le pain des français » et assimiler les étrangers et les personnes d’origine étrangère à la délinquance.

Avec la systématisation de la déchéance nationale, il prône ni plus ni moins la remise en cause du principe d’égalité devant la loi sans distinction d’origine, qui fonde la République. Une fois accordée, par la naissance (droit du sol), par la filiation (droit du sang) ou par la naturalisation, les droits et les devoirs sont les mêmes pour tous.  M. Sarkozy nous ramène soixante-dix ans en arrière, au régime de Vichy, quand Pétain a retiré la nationalité française aux juifs « étrangers ». Il parle d’auteurs de certains crimes, mais cela ne peut-être une justification. Tout criminel est puni pour ses actes, qu’il soit citoyen français de naissance ou par naturalisation. On ne peut punir différemment deux citoyens français pour un crime analogue en infligeant à l’un des deux une double peine, je dirais même triple car cela s’accompagne presque systématiquement d’une expulsion. Ce qui est à l’œuvre dans cette démarche s’inscrit dans une logique de désintégration sociale porteuse de graves dangers.       
Ces propos sont également insupportables parce qu’ils émanent d’un président de la République et donne une légitimité à ceux qui en sont les véritables auteurs, les dirigeants du FN. Aujourd’hui, le sarkozysme en vient à se confondre avec le programme du FN.  Nicolas Sarkozy essaie de ramener vers lui l’électorat qui a voté pour lui en 2007. Il tente de faire oublier ses échecs électoraux, de  détourner la vigilance des citoyens et donc de les diviser afin d’aggraver l’insécurité sociale et économique de millions de Français tout en favorisant jusqu’à la caricature les plus nantis.
Les dégâts provoqués dans l’opinion publique sont énormes. Les propos xénophobes du chef de l’Etat et de ses Ministres autorise des vieux démons à s’exprimer et à des dérapages inadmissibles. 

Non à la politique d’expulsion des Roms, Oui au respect des droits fondamentaux

L’action menée actuellement contre les roms et les gens du voyage relève d’une politique xénophobe et discriminatoire qui a été dénoncée par la Cour nationale des droits de l’Homme, la Commission nationale consultative des droits de l’Homme, l’ONU, le Réseau européen contre le racisme et même le Pape. De tous bords, même du sien, s’élèvent des voix pour dénoncer ces propos jusqu’à présent l’apanage de l’extrême droite. Nous devons dénoncer le zélé Hortefeux qui,  piétinant les plates bandes de Besson, s’acharne à faire démanteler les camps qui existaient quelquefois depuis plus de 10 ans. Les opérations d’expulsions se multiplient et sont inacceptables pour une majorité de français. Il faut rappeler le Comité des ministres du Conseil de l’Europe, a récemment notifié à la France sa violation de sept articles de la Charte sociale européenne, que la France a pourtant ratifiée, pour les “gens du voyage” et les Roms, “en raison des conditions de vie qui leur sont faites”, De nombreuses familles qui ont fui des pays de l’Est sont sédentarisés depuis des années. Elles fuient la misère et le racisme de leur pays. Il est illusoire de croire qu’il suffira de faire venir des policiers Bulgares et Roumains pour qu’elles restent dans leur pays une fois expulsées. Les Roms Bulgares et Roumains sont citoyens européens et ils peuvent revenir sur le territoire français. De plus on mélange allègrement et volontairement gens du voyage à majorité français et roms étrangers roumains ou bulgares.

A aucun moment ne se pose la question des raisons de ces squats. Actuellement la loi du 5 juillet 2000 qui impose à toutes les communes de plus de 5000 habitants la réalisation d’aires d’accueil et de stationnement pour « les gens du voyage » n’est appliquée qu’à 42 % en France (69 % dans l’Indre)  Faute de possibilités régulières les personnes vivant en caravane sont donc contraintes de s’installer là où elles le peuvent. Aucune sanction n’est prévue à l’encontre des maires qui ne respectent pas leurs obligations légales. En annonçant l’expulsion systématique des campements irréguliers, le président de la République prend le risque d'amplifier les difficultés, de créer des tensions et de nouvelles injustices en sanctionnant aveuglement les victimes de carences de l'Etat et des collectivités territoriales, sans offrir de perspectives d'accueils réguliers tant en équipements collectifs qu'en terrains individuels.
Derrière les procédures envisagées, resurgit l'idée nauséabonde d'une inacceptable assignation territoriale des «gens du voyage» sur des camps collectifs autorisés. Le 18 juillet 2010, à l'occasion  de la Journée nationale de la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l'Etat français et d'hommage aux «Justes», Hubert Falco, secrétaire d'Etat à la Défense et aux Anciens Combattants, a salué la mémoire des plus de 6 000 tsiganes français internés jusqu'en 1946, parce que nomades, par les autorités françaises.
64 ans plus tard, encore sous surveillance constante, incapables de s'arrêter là où ils le souhaitent et interdits de certains territoires, poussés constamment à l'errance, les «gens du voyage» peuvent légitimement être défiants envers des pouvoirs publics qui ne font que les précariser, les excluant de leurs droits et libertés.

L'amalgame fait par Nicolas Sarkozy avec les Roms présents en France confirme une ethnicisassions préoccupante de l'action publique du gouvernement et le ciblage sur des boucs émissaires faciles, déjà utilisés dans le passé. En 2004, Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur, avait fait de la mendicité dite « agressive » un délit, en visant déjà ces populations qui demandaient l'aumône aux passants. Signe ostentatoire d'une misère qu'on ne voulait voir...
Ces quelques 15 000 Roms sont des ressortissants européens, essentiellement venus de Roumanie et de Bulgarie, libres de circuler sans passeport ni visa dans tous les pays de l'Union. Sédentaires dans leur pays, ils l'ont quitté pour des raisons économiques liées notamment aux discriminations qui les frappent.
Au moment de l'adhésion de ces deux pays en janvier 2007, la «peur de l'invasion» a conduit le gouvernement français à imposer des mesures transitoires qui excluent en pratique, de manière spécifique, ces ressortissants du marché de l'emploi : liste de 150 métiers accessibles dans des secteurs en tension dont une bonne part de haute qualification, taxe de plusieurs centaines d'euros à verser par l'employeur à l'Office français de l'immigration et de l'intégration, délai d'instruction de plusieurs mois...
Du fait de la crise profonde du logement en France et de l'impossibilité de trouver des hébergements abordables pour des familles démunies, des bidonvilles sont réapparus aux périphéries des grandes villes. L'impossibilité de pouvoir travailler légalement, d'avoir accès à des prestations sociales ou même de mendier maintient ces Roms dans une situation de très grande précarité.
L'application d'un critère d'insuffisance de ressources pour justifier des obligations à quitter le territoire français a permis d'instrumentaliser ces Roms pour gonfler les statistiques d'expulsion et mieux atteindre les objectifs chiffrés gouvernementaux. Depuis 2007, pour un coût de plusieurs dizaines de millions d'euros, entre 6.000 et 9.000 Roumains et Bulgares sont chaque année renvoyés vers leur pays, dont ils reviennent quelques jours ou semaines plus tard, ayant leur projet de vie en France...
Il est  urgent de reconnaître la pleine citoyenneté européenne des ressortissants roumains et bulgares en abrogeant des mesures transitoires dont rien ne prouve l'utilité. Enfin, plutôt que des mesures sécuritaires inefficaces et stigmatisantes, des réponses sociales dans le droit commun sont à apporter aux situations individuelles de ces citoyens présents en France, qu'ils soient Roms ou qu'ils ne le soient pas.
 
        La xénophobie de Nicolas Sarkozy menace la démocratie

La politique menée actuellement ne relève plus  du débat légitime en démocratie sur la manière d’assurer la sûreté républicaine, mais bien d’une volonté de désigner comme a priori dangereuses des millions de personnes à raison de leur origine ou de leur situation sociale.
En se livrant, à quelques jours d’intervalle, à un discours discriminatoire contre les Gens du voyage et les citoyens européens que sont les Roms, puis en recherchant chez les étrangers et les personnes d’origine étrangère les causes de l’insécurité, Nicolas Sarkozy est en train de menacer les fondements mêmes de la République.  C’est une honte que le président de la République, qui doit veiller à l’unité nationale, d’après l’esprit de la Constitution mène lui-même une politique de division nationale en incitant à la haine. Il s’agit d’un jeu dangereux.
Ce ne sont pas les délinquants que Nicolas Sarkozy poursuit, ce sont les Français d’origine étrangère et les étrangers, qu’il désigne comme les boucs émissaires de tous nos maux.

Ce qui est ici en cause, ce n’est plus le débat légitime en démocratie sur la manière d’assurer la sûreté républicaine, c’est l’expression d’une xénophobie avérée. La politique sécuritaire n’est pas la sureté républicaine.

Quelle que soit la légitimité que confère l’élection, aucun responsable politique n’a reçu mandat de violer les principes les plus élémentaires sur lesquels la République s’est construite. Le pire, et Sarkozy le sait fort bien, c’est que cette escalade contre les immigrants, les Roms et autre « déviants » est en contradiction de la trilogie républicaine – liberté, égalité, fraternité –.

Le président de la République et son gouvernement mettent ainsi en œuvre une stratégie de la tension, espérant sans doute retrouver un électorat perdu, au risque de mettre en péril la paix civile.

Nous ne devons pas nous résoudre à voir la France « des Droits de l’Homme », celle qui a été capable de révolte et de refus de l’arbitraire (prise de la Bastille) sombrer à son tour dans la folie raciste. Sommes-nous à la fin de l’état de droit ? Adoption de « l’Etat d’urgence » en novembre 2005, rafles des enfants sans-papiers à la sortie des écoles, affaire de la «  jungle » de Calais, délit de solidarité …

Qu’est-ce qui rend une telle abjection possible, alors que nous savons pertinemment que chaque petite phrase ne fait que préparer la suivante dans une spirale régressive sans fin ? Voilà la question que se pose toute personne éprise de justice, d’égalité et de fraternité. Qu’avons-nous laissé faire ? et surtout allons-nous laissé faire encore ? 

Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs Article 35 de la Déclaration  des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1793

Alors, parce que le seuil ainsi franchi nous inquiète pour l’avenir de tous, nous, organisations associatives, syndicales et politiques diverses mais qui avons en commun l’attachement aux principes fondamentaux de la République laïque, démocratique et sociale, rappelons avec force que l’article 1er de la Constitution « assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion », et que toutes propositions qui méconnaîtraient cette règle fondatrice de la démocratie constituent une atteinte à la paix civile.

Nous n’accepterons sous aucun prétexte que le nécessaire respect de l’ordre public soit utilisé pour créer des distinctions entre les habitants de ce pays et désigner des boucs émissaires.

Nous appelons donc l’ensemble des citoyens de ce pays à manifester publiquement leur opposition aux stratégies de stigmatisation et de discrimination et aux logiques de « guerre » qui menacent le vivre ensemble. Nous appelons tous ceux et toutes celles qui sont attaché(e)s à la démocratie et aux libertés à rejeter ces manifestations de xénophobie.

Rappelons  le texte laissé par le Pasteur Martin Niemoller (1892-1984), Dachau 1942

Quand ils sont venus chercher les communistes,
je n'ai rien dit, je n'étais pas communiste.

Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
je n'ai rien dit, je n'étais pas syndicaliste.

Quand ils sont venus chercher les juifs,
je n'ai rien dit, je n'étais pas juif.

Quand ils sont venus chercher les catholiques,
je n'ai rien dit, je n'étais pas catholique.

Puis ils sont venus me chercher.
Et il ne restait personne pour protester...
 

Et aujourd’hui nous pouvons ajouter les roms, les sans papiers, les étrangers, les jeunes,
les humanistes, certains médias …

            ET APRES C’EST A QUI LE TOUR ?

           ALLONS-NOUS CONTINUER A LAISSER FAIRE ?

                       
                        Ghislaine MILLET

                            Présidente de la LDH 36